Anthony Marchand, 4Ăš de l’Arkea Ultim Challenge – Brest et 10Ăš skipper au monde Ă boucler un tour du monde en solitaire sur multicoque :
« Heureux d’ĂȘtre allĂ© au bout et d’avoir vĂ©cu tout ça »
Lundi 11 mars 2024, Ă Brest (29)
Ce lundi 11 mars Ă 15h08â21, Anthony Marchand a franchi la ligne dâarrivĂ©e de lâArkea Ultim Challenge â Brest, bouclant ainsi lâĂ©preuve aprĂšs 64 jours 1 heure et 38 minutes de mer. PrivĂ© de ses deux foils avant mĂȘme la moitiĂ© de son aventure, le skipper dâActual Ultim 3 a livrĂ© une formidable bataille contre les Ă©lĂ©ments mais aussi et surtout contre lui-mĂȘme, parvenant ainsi Ă aller au bout de sa course et bouclant sa premiĂšre circumnavigation monde en solitaire aprĂšs avoir dĂ©jĂ effectuĂ© un demi tour du monde dans le cadre de The Ocean Race il y a tout juste quelques mois. LittĂ©ralement submergĂ© par les Ă©motions au moment de son retour Ă terre, le Costarmoricain nâaura jamais cessĂ© de donner le meilleur de lui-mĂȘme faisant preuve dâun engagement hors-normes et sâaffirmant comme lâun des marins les plus talentueux de sa gĂ©nĂ©ration.Â
Il lâa fait ! Il a bouclĂ© son tour du monde avec panache malgrĂ© les embuches qui ont jalonnĂ© les 22 500 milles du parcours, Ă la fois sur le plan technique mais aussi sur le plan mĂ©tĂ©o. Rien ne lui a Ă©tĂ© Ă©pargnĂ© mais du dĂ©but Ă la fin, il a tenu bon, il sâest accrochĂ©, devenant ainsi le dixiĂšme marin Ă boucler un tour du monde en multicoque et en solitaire et sâadjugeant au passage la quatriĂšme place de lâArkea Ultim Challenge â Brest.
« Cette arrivĂ©e, jâen ai rĂȘvĂ©Â ! Câest toujours un peu bizarre et brutal de retrouver tant de tĂȘtes dâun coup, mais je suis ravi dâĂȘtre lĂ . Ravi dâavoir Ă©tĂ© au bout de cette incroyable aventure dâautant que le chemin nâa pas Ă©tĂ© facile ! », a dĂ©clarĂ© Anthony Marchand peu aprĂšs son arrivĂ©e au ponton du quai Malbert oĂč il a Ă©tĂ© accueilli en vĂ©ritable hĂ©ros des mers par un public venu nombreux, lâensemble de son Ă©quipe mais aussi les trois premiers, Charles Caudrelier, Thomas Coville et Armel Le ClĂ©acâh.
« Il y a Ă©normĂ©ment dâĂ©motions. Jâai du mal Ă dĂ©crire ce que je ressens. Au moment oĂč jâai franchi la ligne dâarrivĂ©e, jâai fondu en larmes. Jâai rĂ©alisĂ© Ă quel point ça avait Ă©tĂ© difficile. Jâai pris conscience de toute lâĂ©nergie que jâavais dĂ» dĂ©ployer pour rallier Brest. Il y a eu un incroyable travail dâĂ©quipe. Jour et nuit, jâai pu compter sur les membres du team sans qui rien nâaurait Ă©tĂ© possible. Ensemble, nous avons vĂ©cu quelque chose dâunique et nous en ressortons tous grandis, câest certain », a assurĂ© le navigateur qui a notamment dĂ» faire face Ă la casse de son foil bĂąbord peu aprĂšs le passage du cap des Aiguilles, lâobligeant Ă faire escale Ă Cape Town (Afrique du Sud), puis au disfonctionnement du systĂšme permettant au foil tribord de rester en position basse peu aprĂšs avoir fait son entrĂ©e dans le Pacifique, le contraignant Ă rĂ©aliser un arrĂȘt technique Ă Dunedin (Nouvelle-ZĂ©lande).
« A chaque fois quâil mâarrivait quelque chose, jâavais lâimpression que si jâĂ©tais confrontĂ© Ă quelque chose de nouveau, je nây arriverais pas or jâai su rebondir Ă chaque fois. Câest impressionnant de voir Ă quel point on est capable de repousser ses limites lorsque lâon est poussĂ© dans ses retranchements », a prĂ©cisĂ© le skipper dâActual Ultim 3 qui aura rĂ©ellement tout donnĂ© lors de ces 64 jours de mer.
« Arriver est une sorte de dĂ©livrance mĂȘme si je nâaime pas trop ce mot car on peut avoir lâimpression que je sors dâun cauchemar, ce qui nâest pas le cas. A mesure que je mâapprochais de la ligne, je sentais mon corps se relĂącher entiĂšrement, tout doucement, comme sâil avait compris avant moi que câĂ©tait la fin. Fini le stress des alarmes permanentes, terminĂ©s le manque de sommeil et lâalimentation dĂ©cousue. Je ne sais pas trop mettre de mots s ur ce qui se passe dans ma tĂȘte. Câest Ă la fois agrĂ©able et dĂ©sagrĂ©able. Jâai toutefois le sentiment dâavoir tout donnĂ© et d’avoir bien dosĂ© les risques pour rĂ©ussir Ă boucler la boucle. Plus on passe du temps en mer et plus c’est dur, plus on redoute que le bateau casse. Finalement, la leçon de ces histoires-lĂ , c’est qu’il y a autant de mĂ©rite pour le premier que pour le dernier. », a relatĂ© le Costarmoricain, Ă©prouvĂ© par lâexercice mais dĂ©finitivement heureux de lâexpĂ©rience.
Une « premiÚre » qui restera gravée à jamais
« Ces Ultims sont des machines fabuleuses mais la voile reste un sport ingrat et rude. Chacun de nous a vĂ©cu son tour du monde Ă sa maniĂšre, avec une multitude de petites et de grandes victoires. Pour ma part, je termine sans regret. Je sais dĂ©sormais que lâhumain est capable de sâhabituer Ă tout. Ce que jâai trouvĂ© le plus dur ? Etonnement, mĂȘme si le fait de naviguer sans foil a Ă©tĂ© handicapant en termes de vitesse et mâa rendu la vie Ă bord trĂšs inconfortable, câest le scĂ©nario mĂ©tĂ©o. Ce dernier a globalement toujours Ă©tĂ© assez dĂ©favorable pour moi. Jâai rĂ©guliĂšrement butĂ© contre un mur, avec une dĂ©pression ou autre chose qui mâempĂȘchait dâavancer vite. CâĂ©tait un peu pesant et je ne mâattendais pas à ça mĂȘme sâil est certain que lors dâun tour du monde, qui plus est sur un maxi multicoque, on bascule vite vers un mode « aventure », en particulier dans le Grand Sud », a poursuivi le marin qui, pour mĂ©moire, a fĂȘtĂ© ses 39 ans en mer le 4 mars dernier, et est le plus jeune concurrent classĂ© de cet Arkea Ultim Challenge â Brest.
« Il y a eu Ă©normĂ©ment de moments de doutes. Au final, je suis heureux pour moi mais aussi pour toute lâĂ©quipe, pour Actual et pour lâensemble des gens qui mâont soutenu pendant la course. Elle a Ă©tĂ© aussi Ă©prouvante physiquement que mentalement mais elle restera Ă jamais gravĂ©e dans mon esprit. Les moments les plus forts ont sans aucun doute Ă©tĂ© le dĂ©part et l’arrivĂ©e. Il y a une foule dâimages que je garderai en tĂȘte mais ces deux moments prĂ©cis ont vraiment Ă©tĂ© intenses. Plus encore : magiques ! », a ajoutĂ© Anthony qui a luttĂ© jusquâau bout pour assurer sa quatriĂšme place.« Pour finir, peu importe le rĂ©sultat. Le but Ă©tait de terminer et jâaurais Ă©tĂ© extrĂȘmement déçu si cela nâavait pas Ă©tĂ© le cas. Je suis vĂ©ritablement heureux dâavoir pu vivre tout ça et je rentre changĂ©, câest Ă©vident ».
De fait, cette grande Ă©popĂ©e a Ă©tĂ© riche en enseignements et ce Ă tous les niveaux, mĂȘme aprĂšs dĂ©jĂ un demi tour du monde (trois Ă©tapes) effectuĂ© il y a tout juste quelques mois Ă bord de Biotherm au cĂŽtĂ© de Paul Meilhat dans le cadre de The Ocean Race. « Franchir deux fois le cap Horn dans la mĂȘme annĂ©e, ce ce nâest pas rien. Je ne ferai cependant pas ça tous les ans ! (Rires) Si je suis prĂȘt Ă repartir ? Pas tout de suite mais si jâai lâopportunitĂ© de refaire un tour de monde sur ce genre de machine, je ne bouderais pas mon plaisir. Dans lâimmĂ©diat je veux savourer ce bonheur au maximum ! »
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